La dernière meunière de la vallée de Campan a cessé son activité dans le milieu des années 60, elle s'appelait Marie Brau Arnaüty, née Mendagne et c'était ma grand-mère.

La mise au ralenti puis l'arrêt total du moulin est dû à plusieurs facteurs, notamment au fait que EDF a racheté les droits d'eau en 1955 en proposant en échange un compteur électrique triphasé et 3 kw/heure gratuits à vie.

Le second facteur a été l'installation d'un concasseur et d'un blutoir électriques fabriqués à l'époque par la société " LAW " basée à Senlis dans l'Oise. Ce moulin-broyeur consommait 2,5 Kw et avait un rendement exceptionnel qui variait de 80 à 300 Kg/heure suivant les produits traités et la finesse du broyage.

Le troisième facteur et non des moindres est lié au fait que ces populations de montagne ont cessé leurs activités autarciques et se sont ouvertes vers l'extérieur grâce notamment à la création de lignes d'autobus vers la ville de Bagnères de Bigorre.

Je me souviens avec émotion des quelques fois où j'ai accompagné ma grand-mère aveugle, de sa maison jusqu'au moulin, distant d'une centaine de mètres seulement. Je ressens encore très précisément l'odeur et la douceur de la farine que je faisais s'écouler entre mes doigts d'enfant... Le souvenir le plus récent d'une activité au moulin, c'est à mon père, Léon Brau-Arnaüty, que je le dois.... Est-ce lié au fait qu'il était employé à la centrale hydroélectrique d'Artigues, qu'il adorait utiliser le concasseur électrique pour broyer le maïs qu'il distribuait ensuite avec parcimonie à ses quelques agneaux et brebis... ?

Les animaux avaient en charge l'entretien du pré aux abords immédiats du moulin. Ils nettoyaient aussi la langue de terre qui se trouve entre le canal d'amenée et l'Adour que l'on appelle en patois :  " eth brasset ".

Tous les soirs, mon père  enfermait son petit cheptel dans une  grange faite de bric et de broc, appuyée sur la façade ouest du moulin. Lorsque l'association a été créée, en janvier 2006. Il ne reste plus de brebis dans les environs et le bureau décide d'éliminer cette grange pour redonner son authenticité au moulin.

Ce grand nettoyage fait, nous démolissons le vieux toit pourri et changeons entièrement la charpente et la couverture d'ardoises. Plusieurs entreprises se succèdent pour effectuer les travaux de rénovation.

José Alves de Oliveira et son entreprise prennent en charge les maçonneries. Les façadiers de Robert Mazotti mettent à nu les vieux murs, creusent les joints de chaux, nettoient le granit en deux jours puis jointent et sablent l'ensemble.

 

Bernard Garibal et ses charpentiers procèdent à la restauration ou à la fabrication de toutes les pièces liées à la meunerie, aux écluses et aux roues à aubes.

Stéphane Cibat maçonne le canal d'amenée tandis que Jean Luc Guillaud aménage l'intérieur du bâtiment et fabrique les menuiseries à partir des sapins de Payolle.