La prise d'eau a été construite en deux épisodes. Après que Christian Dabat ( le seul tracto-pelliste aux yeux bleus de la vallée de Campan) ait terminé le curage des 150 mètres du bief amont en laissant juste un bouchon de sable et d'arbres à l'embouchure. Nous nous sommes mis à plusieurs hommes forts pour rouler de gros cailloux des rives de l'Adour vers le centre du torrent et transporter un

tronc de frêne fraîchement coupé pour dessiner une digue naturelle, comme cela se faisait dans l'ancien temps.

Ce faisant, nous avons trouvé les vestiges d'une ancienne prise d'eau et avons réutilisé les énormes crayons d'acier que mes ancêtres avaient plantés dans le lit du cours d'eau pour y faire appuyer des rochers d'un demi mètre cube ! Cette digue non définitive nous a permis de mettre en eau et tester le bon fonctionnement de tout l'ensemble du moulin et surtout d'apprécier que la puissance était

suffisante pour faire tourner les meules. Sous le froid de l'hiver qui se faisait pourtant attendre en ce mois de Décembre 2006, Denis Pinchon et moi même avons asséché la moitié droite de la rivière sur une dizaine de mètres de long pour y couler une chape ferraillée et fixer dans celle-ci des piquets verticaux sur lesquels s'appuient aujourd'hui de solides planches de chêne. Le nouvel entonnoir ainsi formé est parfaitement intégré dans le paysage et sa faible ouverture ne l'expose pas à la violence des crues du printemps. Dans sa partie aval, l'entonnoir dispose de deux vannes actionnées chacune par une vis sans fin. La première, dont le seuil est placé le plus bas est appelée vanne de désensablage et comme son nom l'indique, elle permet de vider l'entonnoir par un tuyau

de 0,70 m de diamètre et restitue l'eau dans le torrent  lorsque la vanne d'admission est fermée. Le sable ou d'autres matériaux sont ainsi expulsés vers la rivière.

La deuxième, appelée vanne d'admission, ouvre sur le Canal d'amenée. Celui ci coule en pente douce vers le moulin et sa profondeur moyenne est de 40 centimètres. Il est long de 140 m pour une largeur de 1.30 m. L'eau est très abondante et courante, même en été.  Sans avoir à la stocker pour créer un volume plus grand, sa propre inertie suffit à actionner les roudets. Dans sa partie inférieure, en amont du moulin, le canal d'amenée est fermé par trois vannes. Deux ouvrent directement vers le coeur du bâtiment par des coursiers en pin Douglas et la troisième, appelée déversoir, permet de restituer l'eau à l'Adour.